Nous gravissons la tour de babel.
Après les premières marches difficiles, nous recevons de plein fouet le tumulte des milliers de langues et dialectes qui se superposent, s'enchevêtrent et se mutilent dans la dissonance.
Le monde, une pièce trop petite pour contenir tous les participants de cette sauterie explosive, où l'on parle pour s'écouter en evitant d'entendre l'autre.
C'est n'importe quoi face à n'importe qui.
C'est la foire aux idées qui ne servent à rien, où s'expriment avec aisance ceux ou celles qui n'ont rien à dire et....satisfaits, s'endorment sur leurs convictions.
C'est le temps de la création éphémère, de la science qui menotte et de la dépossession de soi.
C'est l'égo, subtil instrument à détruire ce
qui est ailleurs en pariant sur des réflexes hors analyse.
Personne n'entend la langue de l'autre et tous savent que la compréhension est inutile. On crie, on tape du pied, l'invective en bouche, la hargne au bout des doigts à la recherche du leurre qui tue.
Nous sommes les dupes consentantes d'une image vide, réfléchie dans le miroir de l'absurde.
Nous courons vers une aube inexistante, obnubilés par l'insignifiance de nos désirs et la grandiloquance de nos besoins face à la réalité; soumis à la dictature de nos égoïsmes et paralysés par la peur de ne plus être.
Nous sommes les occupants de cette tour qui met en évidence les âmes qui s'auto-détruisent à force de refuser ce qui vit dans les lumières de la connaissance.
C'est le reflet d'une société courant en tout sens pour retrouver l'image froissée d'un passé révolu, face à un avenir non défini menant à la déposséssion de l'individu.
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RépondreSupprimerBravo, ta description d’une “babelité” moderne est même tout à fait saisissante, à vrai dire. Même si je ne comprends toujours pas le sens de cette volcanique éruptivité, sauf à ressasser un ressentiment chronique sur nos congénères (auxquels on ressemble malheureusement plus qu’on ne le pense). Mon voeu si j’ose, pour 2009, c’est que tu utilises ton remarquable talent d’observation et ta plume habilement métaphorique à entraîner tes contemporains à devenir meilleurs en leur en montrant le chemin. Au risque de me répéter, je citerai de mémoire une pensée de Goethe qui m’a accompagné ma vie durant . “Si vous traitez un être humain pour ce à quoi il ressemble (ou tel qu’il paraît), vous l’abaissez. Si vous le traitez comme il pourrait être, vous l’élevez.” C’est un long chemin, et j’ai beau m’y appliquer, je n’en suis qu’au modeste premier quart... Bonne année ! Affectueusement Roland
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